SYNDICAT DES ARTISTES-INTERPRÈTES ET ENSEIGNANTS DE LA MUSIQUE, DE LA DANSE, DES ARTS DRAMATIQUES, ET AUTRES MÉTIERS CONNEXES DU SPECTACLE

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De l’importance du cours individualisé

 

Les professeurs de musique assimilés à des pervers sexuels… Le scandale suscité par le rapport de l’inspection générale de la Ville de Paris, remet au cœur du débat l’importance des cours individualisés dans l’enseignement de la musique.

 

En effet, il existe actuellement une volonté de démocratisation de l’enseignement de la musique. Sous prétexte de tendre vers un enseignement vraiment populaire, on nous impose de nouvelles pratiques au risque de nuire à la qualité de la formation des musiciens.

 

 

Les élèves parisiens des centres d’animation se sont vus menacés par la ville de Paris de  la suppression de l’enseignement individuel des instruments au profit d’un enseignement pour un groupe de six élèves en une heure.

Aujourd’hui, l’enseignement peut s’organiser en cours à deux ou trois élèves, à condition que le professeur puisse entendre et observer chaque élève dans le calme, rectifier sa posture, donner des conseils individualisés… ceci pendant un temps suffisant et incompressible.

 

Au SAMUP, nous sommes persuadés qu’on ne garde pas la même qualité d’enseignement en passant d’un groupe de deux ou trois à un groupe de six élèves.

 

Des pays comme la Slovénie ou la Croatie, qui accordent une très grande importance à l’éducation musicale et générale de leur jeunesse, proposent dans leurs écoles de musique élémentaires ou secondaires (destinées aux jeunes amateurs) des cours individuels d’une durée de 30 à 45 minutes, à raison de deux à trois séances par semaine.

Les programmes d’éducation que ces pays gardent en héritage ne sont-ils pas issus d’un système à visées égalitaires ?

 

 

Les zones dîtes « d’éducation prioritaire », pour améliorer les apprentissages, diminuent le nombre d’élèves par classe dans le milieu scolaire, sont les premières où l’on envisage l’enseignement de la musique appauvri de ce moment privilégié dans le calme et l’attention particulière accordée à chacun. Ces enfants-là ne sont-ils pas justement ceux qui ont le plus besoin de cette attention particulière ?

 

Des programmes comme Demos, Orchestre à l’école ou Passeurs d’art, qui tous trois s’adressent à des populations ayant un accès moins facile à l’apprentissage de la musique, proposent un enseignement fondé exclusivement sur le cours collectif. Les vertus des pratiques collectives sont évidentes et sont d’ailleurs la finalité de l’enseignement musical : écoute de l’autre, partage, émulation…mais faut-il pour autant oublier celles de l’enseignement individuel qui doit être leur pendant ? Le cours individuel n’est -il donc pas indispensable à l’apprentissage d’un instrument ?

 

On cite souvent en exemple et à juste titre le miracle vénézuélien « El Sistema », qui a réussi à amener des enfants issus des favelas à un haut niveau musical. On oublie souvent de dire que ces enfants ont, en plus de leurs répétitions quotidiennes en ensemble, des cours individualisés et des cours en petits groupes.

 

Car il n’est pas si facile, au sein d’un ensemble, de déterminer exactement les détails à améliorer : qui joue trop haut, trop bas, trop crispé, trop doucement, trop fort…

Les musiciens d’orchestres à cordes savent bien qu’il est indispensable de répéter individuellement pour travailler sur la justesse et la sonorité, puisque cette pratique collective ne leur permet pas de s’entendre avec une précision fine.

 

On peut également évoquer la difficulté pour le professeur de devoir, après deux ou trois ans de pratique exclusivement collective, rectifier une posture inadéquate sur l’instrument, ou changer une habitude de jouer sans jamais s’entendre.

 

 

On oppose l’enseignement de groupe, amusant, à l’enseignement individualisé, obligatoirement austère.

Il parait pourtant évident que l’ambiance d’un cours individualisé peut être joyeuse si le professeur est vivant, chaleureux, heureux de transmettre son savoir, et si l’élève s’épanouit.

On voit aussi parfois des classes d’orchestre un peu mornes, sans parler des ensembles de flûtes à bec des collèges, pour lesquels les enfants montrent peu d’enthousiasme.

 

 

L’objectif, louable, des responsables de ces programmes d’enseignement de la musique organisés exclusivement en groupe, est de rapprocher du monde de la musique des enfants qui n’y avaient pas accès, pour les amener à s’inscrire ensuite dans un cours de musique. Sans le pendant qu’est le cours individualisé au cours collectif de musique, on peut cependant se demander si cet accès à la musique est bien réel.

 

Les harmonies ou batteries fanfare du nord et l’est de la France ou des anciens bassins miniers d’Auvergne sont un exemple d’une véritable pratique artistique démocratique, qui a pour but principal le jeu collectif. Pourtant, les enfants intègrent les fanfares ou les harmonies lorsqu’ils ont acquis des bases instrumentales lors de cours individuels d’instrument.  Les élèves continuent la plupart du temps de suivre des cours individuels après leur intégration aux ensembles.  Il est intéressant de noter que les harmonies et les fanfares qui n’ont pas de structure d’enseignement individuel associée voient leurs effectifs s’amenuiser et ont tendance à disparaître.

 

Le SAMUP demande à ce que toute nouvelle proposition des pouvoirs publics de modifier l’organisation de l’enseignement musical se base sur une analyse pragmatique approfondie de l’existant car des propositions purement théoriques, décorrélées de la réalité de la pratique, peuvent représenter une véritable menace pour la qualité de l’éducation musicale de notre jeunesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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